Que dire du rapport Grignard ??


L’Eglise a ses conciles, la CFDT ses rapports. Le plus connu est le rapport Moreau de 1978 qui constitue encore de nos jours le dogme de la CFDT (autonomie du syndicalisme vis-à-vis des partis politiques et réhabilitation de la négociation et du compromis). C’est ce que l’on a appelé le « recentrage ».

Quoi de neuf dans ce nouveau rapport ? Tout d’abord, celui-ci se donne le bon rôle : « La CFDT est reconnue comme un acteur essentiel et autonome ». Le rapport ne dit pas par qui (le MEDEF, l’UIMM ?), et c’est dommage. « L’organisation a acquis une incontestable reconnaissance sociale et politique », « C’est la CFDT qui a creusé le sillon et tenu le cap dans les tempêtes ». C’est peu être un fort mais, passons, il faut bien motiver les structures et … les militants.

Mais il faut aussi saluer un sacré courage pour dire : « La CDFT assume ses choix et ses actes mais n’a pas su mettre ses militants en capacité de les porter » en parlant de la réforme des retraites de 2003. C’est bien précisément que ce n’était leur choix. Et oui, c’est toujours la faute des autres …

Sacré courage également pour énoncer : « La CFDT a manqué de rapidité dans le changement de nos pratiques pour continuer à être des capteurs attentifs des évolutions » des individus et de la société. « On sait mal capter ce qui vient des sections d’entreprise … » et « pourquoi feraient-elles remonter puisqu’elles ont le sentiment qu’elles ne sont pas entendues ». Et là oui, c’est bien un vrai problème, hormis dans les grands groupes où les délégués syndicaux centraux sont sous la houlette de leur fédération professionnelle. Que font les autres sections d’entreprise ? Depuis la mise en place de la charte financière qui impose le PAC (qui reste tout de même une bonne chose et que d’autres organisations syndicales nous envient), celles-ci n’ont plus de moyens. Il faut alors taper à la porte de leur syndicat.

Enfin, seulement une demie phrase pour rappeler les lois Auroux alors que celles-ci sont de réelles avancées dont la CFDT peut être fière (on dirait maintenant des nouveaux leviers pour le salariat). Et rien du tout sur les UL et les UD, alors que ces structures sont la proximité interprofessionnelle de la CFDT. Ont-elles déjà disparu de notre organigramme ?

Que nous propose vraiment le rapport Grignard ? « La CFDT veut proposer pour ne pas subir, coller à la réalité pour mieux défendre les salariés » mais c’est déjà ce qu’elle fait. Elle veut «construire un compromis qui est une coproduction des salariés et des employeurs » et bien sur « dans l’intérêt général des salariés ». C’est bien ce que l’on a fait ou au moins ce que l’on a essayé. En gros, rien de vraiment neuf …

Enfin, je rappellerai les propos tenus par une camarade à la tribune du Congrès de Grenoble en 2006 qui restent pour l’essentiel toujours d’actualité : « une CFDT trop sûre d’elle allant vers des décisions prises hâtivement sans mesurer réellement leurs impacts internes et externes, et sans s’assurer que la base suit, une confiance interne à reconstruire autour d’un meilleur fonctionnement démocratique, un nouvel élan à donner ».

Et oui, le Congrès de Tours a déjà commencé …

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