Transition énergétique - L'exemple allemand


Comment l'Allemagne, suite à la sortie accélérée du nucléaire après l'accident de Fukushima, met en œuvre sa transition énergétique. En premier lieu, la situation de l'Allemagne est très différente de la France (4 gros producteurs d'électricité, une production d'électricité essentiellement concentrée dans le nord du pays alors que la consommation s'effectue principalement dans le sud, de très importantes réserves de charbon et lignite, des contrats gaziers avec la Russie très avantageux, 24% d'électricité d'origine nucléaire contre 80% en France).
Le but de cette transition est l'abandon complet du nucléaire en 2022 (dans 10 ans ! 8 tranches arrêtées en 2011, 9 avant 2022). A cette date, l'Allemagne devra produire son électricité sans gaz, sans pétrole et sans charbon pour être remplacée par des énergies renouvelables. A ce jour, l'Allemagne subventionne largement les énergies renouvelables (éolien, biomasse, photovoltaïque, etc) en contrepartie d'une taxe sur l'électricité qui entraîne par voie de conséquence une augmentation du prix de l'électricité (pour les foyers et les industriels - presque deux fois plus chère qu'en France).

Par ailleurs, l'Allemagne a de gros problèmes de transport d'électricité liés au manque de lignes à très haute tension. L'électricité passe par les pays de l'Est (Pologne et Tchéquie notamment) ce qui n'est pas sans problème non plus pour ces pays.




A ce jour, le gouvernement allemand juge inévitable d'avoir recours à la production thermique pour remplacer rapidement les centrales nucléaires par :
- le charbon (ressource nationale) 70 Mtonnes extraites et 120 Mtonnes consommées (importées des US depuis le développement du gaz de schiste américain),
-  la lignite grâce à des mines à ciel ouvert (déplacement irréversible de population) utilisée dans des centrales produisant de l'électricité en base en raison de son faible coût (25€ la tonne),
- le gaz (bonne image du public en raison de sa combustion propre (moins de CO2 que le charbon et le pétrole)), le point point faible du gaz étant sa sécurité d'approvisionnement. A plus long terme, les gaz de schistes pourraient être utilisés.

L'Allemagne vise une proportion d'énergies renouvelables de 80% dans l'éolien, le solaire, la biomasse et l'hydraulique de 80% en 2050 avec une étape de 35% en 2020 pour 20% en 2011. Dans la dernière décennie, le énergies renouvelables on connu une très forte croissance qui semble s'essouffler hormis pour le photovoltaïque et l'hydraulique est déjà saturé (comme en France). L'intégration des énergies renouvelables dans les réseaux se heurte à des difficultés et les technologies de stockage sont encore au stade de la recherche et du développement.

Les coûts restent incertains mais globalement très élevés. Cette transition énergétique nécessite des coûts d'investissement importants mais pas forcément incompatibles avec les capacités financières de l'Allemagne. L'augmentation des prix de l'électricité risque de mettre en péril la compétitivité des industries allemandes que le Gouvernement cherche à protéger.


A mon sens, l'exemple allemand n'est pas si loin de la France malgré les différences entre nos deux pays (voir plus haut). D'ailleurs, led objetcifs européens sont les mêmes (réduction par 4 en 2050 des gaz à effet de serre (et pas seulement du CO2), 20% d'énergies rénouvelables en 2020).

On a bien vu les difficultés allemandes (augmentation du coût de l'électricité, problèmes des réseaux électriques, intermittence des énergies renouvelables, utilisation massive du gaz, du charbon et de la lignite avec émission de CO2). Les difficultés françaises seront du même acabit : la sortie même progressive et limitée du nucléaire (plus de 50 réacteurs, contre 9 seulement en Allemagne) conduira :
- à une augmentation des émissions de CO2. A court terme, le nucléaire ne pourra être remplacé que par du pétrole et gaz (car nous avons pas de charbon comme l'Allemagne) et en partie seulement par des énergies renouvelables,
- à une augmentation des coûts de l'électricité (un des rares avantages français).


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