Mai 68 : rêve ou réalité, dogme ou utopie ?
J'avais treize ans en mai 68. Je me souviens qu'il n'y avait pas d'école, qu'il n'y avait plus de télévision, plus de journaux et qu'il faisait beau. Le soir après le repas, on se promenait, on discutait en famille, avec les voisins, les amis au hasard des rencontres. J'avais treize ans et le monde était doux.
Je me souviens que le monde autour de nous était en train de changer. On parlait des grèves, de la grève générale. Les étudiants manifestaient contre les programmes, contre les examens, contre la police. Les professeurs manifestaient aussi mais avec leurs élèves, du jamais vu. J'avais treize ans et le monde se surprenait.
Je me souviens que les usines étaient occupées. Mais là, elles étaient occupées jours et nuits par les ouvriers et les ouvrières. Ils étaient comme chez eux. J'avais treize ans et le monde se révoltait.
Je me souviens que l'on a découvert les OS (les ouvriers spécialisés !), le monde les avait oubliés. Mais ils prennent la parole pour nous dire leurs conditions de travail et l'arbitraire des petits chefs. J'avais treize ans et le monde nous interpelait.
Je me souviens que mon père m'expliquait que parfois une goutte d'eau suffit pour faire déborder un vase. Il avait raison, comme toujours. C'était l'effet papillon avant l'heure. J'avais treize ans et le monde résistait.
Je me souviens de ces manifestations avec des slogans parfois surprenants mais toujours désintéressés et généreux. Je me souviens de ces foules immenses et bigarrées. J'avais treize ans et le monde bougeait.
Je me souviens qu'il faisait beau en mai 68. Il n'y avait plus d'école, plus de télé et l'on discutait. J'avais treize ans et le monde s'ouvrait.
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