Interdiction des véhicules diesel dans l'agglomération lyonnaise d'ici cinq ans ! Encore une fausse bonne idée !

 

Trente-trois jours de pic de pollution en 2019, pas moins cette année : le bassin lyonnais suffoque. La Métropole passe à l'action : limitée à Lyon et Villeurbanne, la zone à faibles émissions va s'élargir à la première couronne. À terme, seules les voitures à critère 1 pourront y rentrer. Pas les diesels, qui représentent 70% du parc, soit 400 000 véhicules.

Lyon étouffe, c'est vrai et les lyonnais avec... Ici la pollution se sent et se voit, comme la poussière sur les appuis de fenêtres.

Episode de pollution début décembre 2020 à Lyon
 
Comme j'ai un véhicule diesel modeste (1,6 litre turbo de 100 ch) qui consomme entre 5 et 6 litres de gasoil aux cent kilomètres et qui ne roule pratiquement jamais en ville (seulement pour entrer et sortir de la ville), je m'interroge sur le bien-fondé de cette mesure visant à interdire l'utilisation des véhicules diesel dans l'agglomération lyonnaise dans l'objectif d'améliorer la qualité de l'air "pour protéger les plus fragiles et les plus modestes, c'est à dire ceux qui habitent près des axes pollués, notamment le périphérique ou l'autoroute*" pour reprendre les propos de Bruno Bernard Président de la Métropole.
 
Non, ce n'est pas ma voiture
 
Avant d'aller plus loin, de quoi parle-t-on vraiment ? Voilà quelques explications utiles :
 
On ne parle dans le tableau suivant que des gaz à effet de serre (GES), CO2, CH4, NO2 et gaz fluorés.

Comme dans l'ensemble de l'Union européenne, l'utilisation d'énergie est la première source d'émissions de GES en France (70,3 % du total), suivie par l'agriculture (16,7 %) à un niveau plus élevé que la moyenne européenne. En revanche, par secteur, la France diffère de l'UE par sa faible part d'émissions provenant de l'industrie de l'énergie, en raison de la production électrique d'origine nucléaire conséquente. Les transports restent cependant un secteur important d'émissions (29,0 %). 

Le détail du secteur du transport, pour la France, est indiqué dans le tableau ci-dessous.

On constate que le transport routier constitue l'essentiel des rejets GES du secteur transport pour la France.
 
Voyons maintenant, de façon plus détaillée, la définition de la qualité de l'air selon le site internet de ATMO Auvergne Rhône-Alpes.

"La qualité de l'air est étroitement liée aux substances émises dans l'atmosphère par les activités humaines et certaines sources naturelles. La pollution anthropique est principalement concentrée dans les zones urbanisées, à proximité de zones industrielles ou de grands axes de circulation. Les activités les plus émettrices sont les transports, l'industrie, le chauffage et l'agriculture".
 
Jusque là, tout le monde est d'accord. Poursuivons sur le même site internet.
 
"Le Rhône est le territoire le plus émetteur et donc soumis à des enjeux sanitaires. Les niveaux de particule très fines, bien qu’en diminution, restent supérieurs au seuil OMS, surtout dans la métropole de Lyon où 65 % de la population est exposée. Les habitants proches des voiries importantes sont aussi exposés à des dépassements de la valeur limite en dioxyde d’azote. Concernant l’ozone et contrairement aux années précédentes, 1/3 de la population a été touchée par un dépassement de la valeur cible pour la santé en 2019.

Le territoire du Rhône est particulièrement touché par la pollution atmosphérique, avec notamment une exposition marquée au dioxyde d’azote en proximité routière et certaines années, comme en 2019 (mais déjà les années précédentes) de fortes concentration d’ozone principalement en zones périurbaines et rurales. 

D’une manière générale, le Rhône et plus particulièrement l’agglomération lyonnaise, sont marqués : 

  • par une forte densité humaine ayant pour double conséquences une concentration des émissions polluantes d’origines routière, industrielle et tertiaire et de surcroit une grande quantité de personnes vulnérables à la pollution atmosphérique. 
  • par des conditions climatiques contrastées, avec des vents dominants parfois intenses, orientés Nord-Sud et Sud-Nord, ce qui peut favoriser la dispersion des polluants, mais aussi importer des masses d’air polluées : import d’ozone l’été du sud de la France, import de poussières en fin d’hiver et au printemps du nord et de l’est de l’Europe. 
  • en hiver, par des inversions de températures favorisant la stagnation des polluants à basse altitude. 
  • par une forte densité industrielle au sud de l’agglomération lyonnaise, nécessitant un besoin de surveillance ponctuel".
 

Selon le bilan 2019 du même site, pour le nouveau Rhône et la métropole, il est indiqué :

D’une manière globale, l’année 2019 est plutôt caractérisée par une bonne qualité de l’air et confirme la tendance à l’amélioration. Il s’agit de la 3ème année consécutive au cours de laquelle aucun dépassement de valeur réglementaire n’est constaté pour les particules sur l’ensemble de la région

Malgré ces bonnes nouvelles, la baisse globale des concentrations ne doit pas occulter les dépassements des valeurs fixées par la réglementation pour le dioxyde d’azote, essentiellement sur des zones à proximité du trafic, et pour l’ozone, sur une grande partie à l’est de la région et sur les zones d’altitude.

Concernant les particules (PM10 et PM2,5), les valeurs réglementaires sont respectées. Néanmoins, une grande partie de la population en Auvergne-Rhône-Alpes demeure encore exposée à des niveaux de concentrations supérieurs aux seuils préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Et l'ozone ? La production excessive d'ozone dans les grands centres urbains est à l'origine d'une pollution lors de conditions météorologiques particulières. L'ozone absorbe les radiations dans le domaine des infrarouges lointain (entre 4 et 40 µm), ce qui confère à l'ozone troposphérique un rôle dans l'effet de serre.

Voilà la conclusion du bilan 2019 :

L’année 2019 a particulièrement été favorable à la formation de l’ozone avec une période estivale ensoleillée et chaude. L’Objectif Long Terme (aucun dépassement de 120 μg.m-3 sur 8h) n’est pas respecté sur la totalité du territoire à l’instar des années précédentes.

Le territoire du Rhône est particulièrement touché par la pollution atmosphérique, avec notamment une exposition marquée au dioxyde d’azote en proximité routière et certaines années, comme en 2019 (mais déjà les années précédentes) de fortes concentrations d’ozone principalement en zones périurbaines et rurales.

Tous les indicateurs sont au vert mais, alors, qu'est-ce qui ne va pas à Lyon et dans la métropole lyonnaise : 

  • l'ozone sachant que sa production est liée à l'ensoleillement et aux températures estivales de plus en plus élevées. La diminution de la concentration en ozone dans nos territoires est donc intimement liée à la lutte contre le réchauffement climatique,
  • du dioxyde d'azote localement comme indiqué sur la carte ci-dessus.

Voyons ce que prévoit la Métropole, selon LYONCAPITALE, pour faire accepter ses idées pour ne pas dire cet oukase. Pour un particulier contraint de changer de véhicule, rien à ce jour !! Les TPE et PME de moins de 250 salariés qui se situent dans la métropole de Lyon pourront bénéficier de 5000€ à 8000€ pour l'achat d'un véhicule utilitaire léger 100 % GNV-GNL, 100 % électrique ou 100 % hydrogène si cela existe. Pour les poids-lourds, l'aide financière pourra monter jusqu'à 13 000€ pour les camions 100 % hydrogène.

Toujours selon LYONCAPITALE, pour les petits déplacements, la métropole de Lyon propose une aide financière pour investir dans un vélo acheté sur le territoire métropolitain. Mais pas n'importe lequel : un vélo électrique, un vélo pliant ou un vélo cargo. De quoi affronter les chaussées lyonnaises, y compris les pentes de la Croix-Rousse, et même faire ses courses avec. Cela fera sûrement très plaisir à la Chine de savoir que la Métropole lui commandera des batteries.

En conclusion, l'interdiction des véhicules diesel reste une fausse bonne idée...


GES : Gaz à effet de serre

AEE : Agence Européenne pour l'Environnement 

OMS : Organisation Mondiale de la Santé


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